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Interview de Yannick Petit (Unow) : “Le dispositif SPOC installe la formation digitale tutorée dans les entreprises”

En 2014, le SPOC (Small Private Online Course) a fait son entrée dans le paysage de la formation professionnelle. Unow, a fait le pari de se spécialiser sur ce dispositif pour accélérer le développement des soft skills. Cinq ans plus tard, Yannick Petit, CEO et cofondateur de Unow a suffisamment de recul pour faire le point et partager un premier retour d’expérience avec le blog de C-Campus.

Quelle est l’origine du SPOC ?

Le SPOC est apparu dans le sillage du MOOC (Massive Open Online Course). Au départ, certains concepteurs de MOOC constatent que des groupes trop larges d’apprenants sont difficiles à animer et que pour atteindre une complétion élevée, il est indispensable d’intégrer du tutorat et de réaliser un suivi individuel. Ils créent alors des petits groupes au sein des MOOC et positionnent des tuteurs pour encadrer chaque groupe. Le SPOC était né !

Qu’est-ce qu’un SPOC concrètement ?

Comme souvent dans le digital learning, il n’est pas simple de bien distinguer les modalités entre elles, ce qui donne au secteur un manque de lisibilité. Commençons donc par partager une définition :

  • S pour Small : la taille du groupe est limitée à quelques dizaines de participants pour créer une promotion et favoriser un apprentissage au sein du groupe (en moyenne 30 participants).
  • P pour Private : l’accès est payant et les participants sont filtrés afin de garantir un niveau d’homogénéité suffisant au sein du groupe. Un expert formateur réalise un tutorat individualisé.
  • O pour Online : la formation se déroule entièrement en ligne sur une plateforme dédiée.
  • C pour Course : il s’agit d’un parcours d’apprentissage structuré comprenant des ressources, des activités et des temps d’échanges avec le groupe et le tuteur en vue d’atteindre des objectifs pédagogiques précis.

En termes de temporalité, le SPOC est hybride. Majoritairement asynchrone – c’est à dire que l’apprenant peut le suivre quand il le souhaite – il contient aussi des synchrones qui sont dédiés au tutorat et aux classes virtuelles. Les durées et les temps d’implication hebdomadaires peuvent varier (chez Unow, un SPOC s’étale sur 4 semaines et demande 2 à 3 heures d’implication par semaine).

Idéalement, le SPOC débouche en cas de validation des activités et du parcours sur une certification permettant de valoriser la compétence développée. C’est l’un facteur motivant important pour que les participants aillent jusqu’au bout de la formation.

Le SPOC est-il une alternative au présentiel ?

Le SPOC trouve sa place aux côtés du présentiel et du blended learning comme le 3e type de dispositif du segment de la formation courte. Déclinable en inter comme en intra, il vise l’acquisition ou le développement d’une ou plusieurs compétences.  Attention, il ne faut pas le confondre avec un dispositif de micro-formation, réalisé en autonomie et dont l’objectif pédagogique est l’acculturation.

La loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel encourage son adoption pour faciliter l’accès et l’efficacité de la formation courte. Preuve en est que chez Unow, la moitié de nos formations font déjà l’objet de certifications CPF.

Côté modèle économique, celui du SPOC repose à la fois sur de l’accès (plateforme, contenus) et du service (tutorat). C’est une différence clé avec la majorité des solutions e-learning qui ont un modèle économique basé uniquement sur l’accès. À titre d’exemple, l’inscription pour un participant dans une session Unow coûte entre 500 € et 1 000 €. Un coût à comparer avec du présentiel ou du blended, sachant que dans le cas du SPOC, il n’y a pas de coûts logistiques (salle, déplacement, restauration…) qui représentent encore 50 % des dépenses de la formation traditionnelle.

Autre avantage, sa dimension majoritairement asynchrone permet à l’apprenant d’insérer la formation dans une période de travail “normale” en profitant des moments les plus adaptés dans son planning pour se former. Cet aspect répond à l’un des principaux problèmes de la formation aujourd’hui : le manque de temps.

En termes de population cible, elle est large puisque tout collaborateur équipé d’un ordinateur avec Internet peut se former par ce biais.

De quoi le SPOC est-il fait ?

Le SPOC repose sur 4 ingrédients pédagogiques forts :

  • Le tutorat : chaque participant reçoit un accompagnement individualisé de la part d’un expert.
  • L’apprentissage par la pratique : de nombreuses activités permettent au participant d’appliquer directement dans son travail ce qu’il voit dans la formation.
  • L’apprentissage social : des groupes de 30 apprenants en moyenne avancent au même rythme et s’entraident, ce qui constitue l’un des principaux facteurs de motivation.
  • La flexibilité temporelle : l’apprenant choisit les moments pour se former et son rythme. Après la formation, des rappels d’action et des points avec l’expert permettent d’ancrer les connaissances et d’augmenter le taux de transfert des compétences sur le terrain.

Comment peut-on mesurer l’efficacité d’un SPOC ?

L’un des principaux bénéfices d’un dispositif digital, c’est de pouvoir en mesurer les résultats. Encore faut-il avoir défini les bons indicateurs. Les deux plus pertinents dans le cadre du SPOC sont la complétion et la montée en compétences réelle.

La complétion répond à la question “un collaborateur ayant démarré le SPOC va-t-il au bout du parcours ?” En moyenne depuis deux ans, nous observons chez Unow une complétion moyenne de 82 % sur un échantillon de 4 800 participants (ratio de nombre de participants certifié / nombre de participants ayant démarré).

De son côté, la montée en compétences réelle repose sur la mesure de la différence entre un diagnostic de compétences administré avant et après la formation. Cet indicateur est de loin le plus efficace et nécessite une ingénierie pédagogique conséquente.

Quels sont les usages favoris du SPOC ?

Comme tout dispositif de formation, le SPOC est particulièrement adapté à certains contextes de formation. Voici les principaux que nous avons observé avec nos clients :

  • Former des collaborateurs sur différents sites : pour former de manière homogène et / ou simultanée des collaborateurs qui ne sont pas situés sur un même lieu de travail.
  • Accélérer le délai d’entrée en formation : comme elle n’a aucune contrainte logistique, le temps d’accès à la formation peut être considérablement réduit, passant de six mois en moyenne pour le présentiel à un mois et demi pour un SPOC.
  • Former un collaborateur que l’on ne peut pas éloigner de son poste de travail en raisons de contraintes professionnelles ou personnelles (astreintes, populations sédentaires).
  • Diversifier les dispositifs pour laisser le choix à l’apprenant, ce qui permet de le responsabiliser. Quand on sait que l’autodétermination est le principal facteur clé de succès dans la formation, offrir une modalité alternative au présentiel est une option intéressante. Des entreprises choisissent de proposer un SPOC aux côtés des autres formats sur un même thème.
  • Accélérer la digitalisation des modes de travail : même si le thème de la formation ne cible pas directement le digital, orienter des collaborateurs vers des SPOC leur permet d’utiliser le digital, et ses codes, pour développer implicitement des compétences digitales.

Au niveau des compétences ou des thèmes “compatibles” avec le dispositif SPOC, il n’y a pas de limite. Chez Unow, nous avons par exemple conçu une formation sur la prise de parole en public. Pour autant, signalons que des temps de mise en pratique sur des compétences comportementales gagnent à s’appuyer sur du blended.

En conclusion, qu’apporte de plus le SPOC sur le marché de la formation ?

Le SPOC offre une alternative à la formation présentielle en formation courte. Les organismes de formation, les entreprises mais aussi les fournisseurs (type LMS – Learning Management System) l’intègrent progressivement à leur offre et à leurs processus pour profiter de ses avantages.

Jonathan Pottiez

Jonathan Pottiez

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