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Comment maintenir l’attention en formation ?

La perte d’attention semble être le mal de ce début du XXIème. On nous dit que c’est “générationnel”. Peut-être, mais cela est difficile à prouver scientifiquement. En tous les cas, l’utilisation répétée des écrans (TV, ordi, Smartphone et demain qui sait casque de réalité virtuelle ou lunette augmentée) ne doit pas y être pour rien. Et comme les jeunes générations seraient plus « accros » que les anciennes à la vie pixellisée (ça reste à prouver aussi !), elles auraient encore davantage de difficultés à se concentrer. CQFD !

Mais laissons de côté ce débat « générationniste » qui n’a pas beaucoup de sens. Et concentrons-nous plutôt sur ce que nous pouvons faire en formation pour faciliter l’attention de tous. Voici donc 8 conseils que nous aimons discuter dans nos formations de formateurs, lorsque nous abordons la question (et on l’aborde de plus en plus souvent !).

1-  Créer une bulle pédagogique

Les apprenants arrivent souvent tendus en formation, stressés par tout ce qu’ils n’ont pas pu faire et qu’ils vont devoir reporter. Ils peuvent être parfois également dérangés en cours de formation. Hier, on venait les chercher dans la salle, aujourd’hui ils sont assaillis de “notifications”.

Face à ce constat, la solution ne peut être que radicale : créer une bulle pédagogique dans laquelle les apprenants vont entrer dans un autre rythme.

  • Cela passe évidemment par l’espace pédagogique lui-même (cf. un exemple à travers notre espace My Learning Home),
  • …mais aussi par des règles de vie claires et partagées (comme par exemple 100% présent, 100% bienveillant, 100% résonant – cf. notre article “Résonner pour apprendre“).
  • … et surtout, un temps de décompression avant d’entrer en formation (cf. notre article sur le sujet).

2-  Soigner le contrat pédagogique

Une fois que les apprenants sont “dans la bulle”, encore faut-il leur donner envie de s’engager réellement dans la formation. Et pour ce faire, il faut soigner le « contrat pédagogique », c’est-à-dire s’accorder avec les apprenants sur ce que l’on va faire pendant la formation et comment on va le faire.

On les invite d’abord à bien exprimer leurs attentes en posant des questions impliquantes. Eviter la sempiternelle question « Quelles sont vos attentes pour cette formation ? », mais privilégier plutôt, « Quelles sont toutes les questions que vous vous posez sur le sujet, en entrant dans cette formation ? » ou encore mieux « Que comptez-vous faire après cette formation ? ».

Ensuite, on leur présente en détails les objectifs, les enjeux et le programme de la formation.

Et enfin, on fait les liens entre les apports de la formation et leurs attentes. En cas de divergence, on adapte ou, si cela n’est pas possible, on envisage des solutions en marge de la formation pour les aider à s’en sortir (échange aux pauses, plan de suivi post formation, etc.). On conclut en quelque sorte un contrat moral avec les apprenants. C’est le seul moyen de les engager dans la durée.

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3-  Faire prendre des notes et fixer des challenges

C’est bien connu, hormis quelques profils particuliers, on retient d’autant mieux que l’on note les points clés de ce que l’on entend. Ce que l’on sait moins, c’est que prendre des notes, permet aussi de rester concentré. Si je m’efforce de noter, je suis obligé d’écouter et de résumer. Bref, mon esprit aura moins de risque de s’évader, en pensant à tout ce que je dois faire de retour de formation !

Le formateur qui souhaite maintenir l’attention de ses apprenants les invite donc à prendre des notes. Mieux, il leur fixe clairement des challenges avant de démarrer son exposé.  Par exemple, il leur indique qu’après son exposé, ils devront  résumer à leur voisin ou appliquer directement dans un exercice pratique, ce qu’ils viennent d’apprendre. Ainsi, les apprenants savent à quoi leur serviront leurs nouvelles connaissances !

4-  Étonner, surprendre

Les neurosciences nous l’ont appris : notre cerveau est prédictif. Quand nous percevons, nous sommes actifs. Nous comparons ce que nous voyons, entendons, ressentons avec ce que nous avions prévu ou avions l’habitude de voir, d’entendre et de ressentir.

Par conséquent, le formateur qui ronronne, raconte ce que les apprenants savent déjà ou encore rappelle des évidences. Il va avoir du mal à capter son auditoire !

Pour faciliter la concentration, il faut étonner, surprendre, raconter des anecdotes, poser des problèmes, présenter des contenus contre-intuitifs (par exemple : « les chutes de plain-pied sont davantage accidentogènes que les chutes en hauteur ! »).

5-  Animer des réveils pédagogiques

Chacun a son biorythme, mais c’est bien connu que la reprise à 14h00 ou le démarrage le 2ème jour nécessite un peu d’attention, si l’on souhaite remobiliser les apprenants.

Les formateurs avertis connaissent la question et utilisent ce que l’on appelle des « réveils pédagogiques ». Il s’agit de moments plus ou moins ludiques où l’on essaie de remobiliser les esprits et parfois même le corps (exercice de décontraction ou de relaxation, jeu avec des balles en mousse par exemple).

Si vous n’êtes pas un adepte de la ludo-pédagogie, vous pouvez, à tout le moins, inviter vos apprenants à résumer leurs acquis et à s’interroger sur ce qu’ils doivent encore apprendre par exemple à travers une foire aux questions – F.A.Q. Cela leur permettra de rentrer progressivement dans leur prochaine séquence de formation.

6-  Mettre du rythme

Vivant dans un rythme infernal, qui ne cesse de s’accélérer, la monotonie nous endort. Le nombre de sollicitation à l’heure que nous rencontrons aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui qu’ont connu nos grand-parents, ni même celui que nous avons connu, pour les plus âgés d’entre nous, avant la révolution de l’internet et de l’IPhone.

Conséquence, le formateur doit mettre du rythme pour conserver l’attention intacte de ses apprenants. Cela passe par une alternance d’exposés et de travaux de sous-groupes ou de réflexions individuelles des apprenants toutes les 20’ environ. Et cela peut aller jusqu’à changer la configuration de l’espace de formation ou faire tourner régulièrement les groupes de travail façon world café.

7-  Doser les difficultés et contrôler la compréhension

Si le manque de rythme peut nous amener à nous faire perdre notre attention, le manque de compréhension peut en être également la cause. Si je ne comprends plus ou si je dois produire des efforts trop importants pour suivre, j’aurais tendance à abandonner. Et je me réfugierai dans la lecture des notifications de mon smartphone ou à dessiner sur mon carnet de notes !

Pour éviter ces moments « d’égarement pédagogique », le formateur doit en permanence créer les conditions pour que ses apprenants progressent sereinement. Il doit leur proposer des activités pédagogiques qui ne sont ni trop difficiles, ni trop faciles (on dit qu’ils doivent les réussir en moyenne à 70% !) et qui leur permettent en permanence de contrôler leur compréhension.

Il veillera donc à créer des exercices, proposer des quiz, inviter à résumer les acquis, indiquer clairement les objectifs et la progression pédagogique.

8-  Faire des feed-back

Très lié au point précédent, la dernière astuce pour maintenir l’attention des apprenants est de leur faire des feed-back constructifs et bienveillants tout au long de la formation.

Des difficultés de compréhension, on peut en effet très vite basculer vers une perte du sentiment de compétence et donc vers un découragement qui nous amène à abandonner tout effort de concentration : « à quoi bon mobiliser mon attention, si j’ai le sentiment que quoique je fasse, je n’y arriverai pas ! »

Encourager ses apprenants, leur montrer que la pente est raide, mais surmontable, devient indispensable avec des groupes qui ont du mal à se concentrer. Utiliser des techniques comme celles qui ont cours dans les jeux vidéos peut être pertinent. comme par exemple : découper son programme en séquences de formation courtes avec des micro-évaluations, qui permettent aux formateurs de distiller des micros encouragements (type badge ou micro certification).

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Marc Dennery

Marc Dennery

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