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Existe t-il une pédagogie Google ?

innovation_pedagogique_2C’est peut être donner beaucoup de pouvoir au célèbre moteur de recherche, mais il apparaît clairement que Google est le symbole d’un nouveau rapport au savoir, d’une nouvelle façon d’appréhender la relation formateur / formé. D’aucuns s’en émeuvent, pour nous c’est davantage une évolution à comprendre et à prendre en compte dans nos pratiques pédagogiques.

Que ce soit Google, Yahoo !, Bing…, tous ces moteurs de recherche nous offrent l’accès à une bibliothèque de savoir sans comparaison avec tout ce qui a pu exister auparavant. Cet accès immédiat en tout lieu, en tout temps conduit à repenser notre rapport savoir. Je n’ai plus besoin d’accumuler les connaissances, de les stocker dans ma mémoire, mais seulement d’interroger. Quand j’ai un problème, je pose la question et Google y répond. Je veux savoir qu’est-ce que la pédagogie ? Et 4 380 000 résultats apparaissent en 0,24 seconde ! Je veux apprendre à poser une fenêtre dans ma maison et 10 800 000 résultats se présentent à moi en 0,14 seconde ! Et avec de nombreuses vidéos à la clé.

Les ronchons s’empresseront de dire que tout n’y est pas et surtout que tout n’est pas validé ou pertinent. Ils auront raison, mais force est de constater qu’on en saura toujours suffisamment pour démarrer sur un sujet et qu’on pourra toujours se débrouiller pour chercher des compléments ailleurs. Dans tous les cas, le ratio énergie et coût investi sur retour d’information utile est largement bénéficiaire.

On peut se demander alors pourquoi écouter un professeur ou un formateur, pourquoi lire un livre… quand je peux poser la question et avoir la réponse via mon moteur de recherche ? En clair, pourquoi apprendre ? Les jeunes générations répondent simplement à cette question : “pour rien !“ Cela ne sert plus à rien d’apprendre ! D’où la désaffection de l’école. Sommes-nous épargnés en entreprise ? Loin s’en faut. Dans un monde de l’hyper productivité où le temps, c’est de l’argent, pourquoi passerai-je deux ou trois jours à écouter un formateur m’expliquer comment faire ceci ou cela alors que je veux simplement résoudre un problème bien identifié.

Dans les formations au management, par exemple, ce phénomène a démarré bien avant Google. Il y a 25 ans, les formations au leadership duraient le plus souvent une semaine complète. Je me souviens d’avoir débuté ma carrière avec des formations de 3 jours à l’entretien annuel. Puis on est passé à 2 jours, puis un jour… et aujourd’hui, il nous arrive de faire une demi journée + un ou deux modules de E-Learning. A ce stade on peut se demander s’il est encore utile de faire une formation ? Certains clients répondent effectivement que cela n’est plus nécessaire et préfèrent supprimer les formations. Ont-ils raison ? Oui, s’ils mettent en place des dispositifs de substitution, non s’ils laissent leurs managers seuls face à leur moteur de recherche. Car ces moteurs donneront des bases, des idées clés, mais en aucun cas résoudront leurs problèmes.

Ce qui est fini, c’est le stage théorique de durée moyenne. Le stage où on apprend à devenir manager, formateur, acheteur, RH… en quelques jours grâce à un “sachant“ qui transmet son savoir plus ou moins valide à des apprenants. L’évolution pédagogique est inévitable. On passe de l’acquisition de savoirs théoriques ou méthodologiques via des pédagogies expositives ou pseudo participatives à l’acquisition de savoirs directement utilisables dans l’action via un questionnement de l’apprenant. Cette pédagogie interrogative renverse le sens pédagogique. C’est l’apprenant qui questionne le “sachant“ ou les bases de ressources et non plus l’inverse où le formateur contrôlait le formé par des questions.

La formation en entreprise a un besoin urgent de se transformer si elle ne veut pas disparaître, noyée par Google et les MOOC. Et les services formation doivent s’adapter et proposer de nouveaux services, sans quoi les fonctions opérationnelles se débrouilleront sans eux. Trois missions essentielles restent à assurer :

Garantir la qualité des connaissances à disposition

Un professionnel dans une entreprise a besoin de connaissances pointues, validées, mises à jour en permanence. Google, Bing ou Yahoo ! ne pourront jamais le satisfaire pleinement. C’est pourquoi, l’entreprise doit elle-même créer ses propres bases de connaissances avec ses propres moteurs de recherche. Les métiers les plus techniques l’ont déjà (maintenance de produits, centre d’appels…). Il faut le faire maintenant pour les fonctions supports et les managers.

Accompagner les professionnels dans l’action

Savoir est une chose, savoir-faire en est une autre. Le formateur en entreprise transmet de moins en moins du savoir, mais doit accompagner les professionnels dans leur mise en oeuvre. La formation-action, le coaching technique, les ateliers de co-développement, l’animation de communauté… sont les domaines où les formateurs sont aujourd’hui attendus. Fini les “formateurs PowerPoint“, les salariés des entreprises attendent de véritables coachs personnels pour les accompagner.
Certifier les compétences

Paradoxalement, dans un monde où le savoir académique est de moins en moins valorisé, les salariés et les décideurs en entreprise sont de plus en plus en attente de formations certifiantes voire diplomantes. Une raison simple à cela : le chômage de masse. Mais les entreprises ne peuvent plus envoyer leurs salariés un an en formation. La solution passe par des ingénieries diplomantes mixant VAE et VAP permettant de valider des niveaux de compétences et de formation en raccourcissant les durées d’enseignement.

 

Marc Dennery

Marc Dennery

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