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Comment définir la stratégie pédagogique d’une formation ?

La stratégie pédagogique est une notion moins connue que les objectifs ou la progression pédagogique. Elle est pourtant  aussi importante pour garantir la qualité de conception de sa formation. Découvrons dans cet article l’essentiel à savoir sur cette notion incontournable de l’ingénierie pédagogique.

Qu’est-ce que la stratégie pédagogique ?

La stratégie pédagogique, c’est la façon de présenter les connaissances à acquérir au cours d’un parcours de formation. On distingue deux types de stratégies pédagogiques principales : déductive et inductive.

On parle de stratégie déductive quand on part de la théorie pour ensuite amener l’apprenant à appliquer sur le terrain.

A l’inverse, on parle de stratégie inductive quand on part de l’expérience de l’apprenant ou de son activité de travail et qu’on remonte à la théorie ou à la formalisation des connaissances.

On peut définir une stratégie globalement pour l’ensemble d’une formation et spécifiquement pour chaque séquence pédagogique.

La stratégie pédagogique se distingue de la modalité pédagogique, qui caractérise la situation d’apprentissage et les médias pédagogiques utilisés.  Par exemple : le présentiel, le distanciel, l’autoformation en digital learning, l’AFEST et la co-formation). Une stratégie pédagogique peut être mise en œuvre au travers de n’importe quelle modalité pédagogique.

A noter : la modalité pédagogique ne dicte pas, à l’inverse de ce que l’on pourrait penser, la stratégie. Par exemple, on peut faire de l’AFEST en privilégiant une pédagogie déductive, même s’il est vrai qu’il est plus naturel de mettre en œuvre des stratégies inductives avec ce type de modalité.

La stratégie pédagogique se distingue également des techniques pédagogiques qui traduisent concrètement dans le déroulé de la formation, ce que font le formateur et les apprenants. Les techniques pédagogiques telles que l’exposé interactif, la démonstration, les jeux de rôles ou les jeux de plateaux, sont mises en œuvre dans le cadre d’une stratégie pédagogique. Pour une même séquence, on peut utiliser une ou plusieurs stratégies.

A noter : certains auteurs parlent également de méthodes pédagogiques en les classant par niveau de participation des apprenants, comme par exemple : les méthodes magistrales, démonstratives, participatives, actives ou co-actives. Ces méthodes regroupent des familles de techniques. Si on compte 5 grandes méthodes pédagogiques comme citées ci-dessus, nous avons recensé chez C-Campus près d’une cinquantaine de techniques pédagogiques.

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Comment bien choisir sa stratégie pédagogique ?

Cinq critères sont à prendre en compte pour choisir sa stratégie pédagogique. Il n’existe pas de bonne ou mauvaise stratégie dans l’absolu. Tout dépend du contexte dans lequel se déploie la formation.

Ces 5 critères se combinent. Ils sont à prendre en compte simultanément. Pour les formations n’utilisant pas de modalités de type AFEST, c’est surtout les critères 1 et 2 que l’on prendra en compte. Pour les formations intégrant de l’AFEST les trois derniers critères sont également importants à prendre en compte.

Critère 1 : Le niveau de maturité des apprenants. Plus les apprenants sont expérimentés, plus ils ont du vécu professionnel, plus il est facile et pertinent de partir de leur expérience. A l’inverse, avec des débutants, on privilégiera une pédagogie déductive, plus sécurisante. Mais il ne faut pas tomber dans le systématisme ! On peut utiliser une pédagogie inductive avec des débutants, par exemple en leur faisant vivre des premières expériences via de la Réalité virtuelle.

Critère 2 : Le niveau d’engagement des apprenants. Plus les apprenants sont engagés, c’est-à-dire motivés, prêts à s’investir dans leur formation, plus ils acceptent de se mettre en posture « d’apprenant » et apprécient donc les apports théoriques du formateur ou d’un cours digital. On pourra donc utiliser une stratégie déductive sans trop de difficulté. A l’inverse, les apprenants faiblement engagées, sont peu enclins à passer par une phase d’apprentissage de type scolaire et préfèrent être confrontés directement à des situations de travail ou partager leurs expériences. Une stratégie inductive sera donc à privilégier.

Critère 3 : le niveau de modélisation du contenu. Plus le contenu de formation à faire acquérir est formalisé, modélisé, fait référence à des connaissances méthodologiques ou scientifique fortes, plus la stratégie sera de type « déductive ». A l’inverse, moins le contenu est formel, plus on sera sur des connaissances implicites, plus la stratégie sera de type « inductive ».
Dans le cadre d’une AFEST, par exemple, on se demandera donc si les situations de travail sont déjà modélisées (ou peuvent facilement l’être). Dans le cas d’une réponse affirmative, on optera pour une stratégie déductive et non pas inductive.

Critère 4 : Le niveau des risques professionnels. Certaines professions sont plus à risques que d’autres. Pilote d’avion de ligne ou de centrale nucléaire, neuro-chirurgien ou conducteur de bus sont des fonctions probablement plus “risquées” que vendeur dans un supermarché ou ingénieur en bureau d’études. Se former dans des professions à risque fait appel davantage aux stratégies déductives qu’inductives. On sécurise par l’acquisition de connaissances puis on applique en situation de travail. Cela est évident pour les personnes débutantes, c’est moins vrai pour des personnes très expérimentées, qui n’ont plus qu’à se perfectionner stricto sensu. Dans ce cas, la stratégie inductive peut être pertinente.
On peut également faire appel à des stratégies inductives pour ces métiers en utilisant des techniques dites « d’analyse de pratiques ». Dans ce cas, on ne met pas les apprenants en situation de faire (car trop risqué), mais en situation de verbaliser ce qu’ils font. On part bien de leurs pratiques, en vue de les amener à formaliser et capitaliser sur des éléments méthodologiques, mais on ne les met pas forcément en situation de pratiquer. Il s’agit donc bien d’une stratégie inductive, mais sans passer par la mise en œuvre, seulement en partant du discours sur ce qu’ils font ou souhaiteraient faire.

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Critère 5 : le niveau de guidance pédagogique. On constate un niveau de guidance ou d’encadrement pédagogique élevé lorsqu’il existe des formateurs ou tuteurs capables de transmettre des savoirs et savoir-faire aux apprenants ou lorsque le dispositif est particulièrement bien structuré, autour de ressources pédagogiques nombreuses et facilement accessibles (cours digitaux, micro learning, documentation électronique). Plus le niveau de guidance est élevé, plus il est possible de mettre en œuvre une stratégie déductive.
Les apprenants peuvent alors commencer leur parcours par des apports théoriques soit en stage, soit via du digital learning à distance, soit par des séquences de démonstration ou d’explication par un formateur terrain ou un tuteur. A l’inverse, dans les parcours peu formalisés et bénéficiant de peu de ressources digitales et de formateurs maîtrisant les compétences à développer, généralement seule la pédagogie inductive est faisable.

Quand définir la stratégie pédagogique ?

La stratégie pédagogique est déterminée une fois le contexte de formation défini et les objectifs pédagogiques fixés. On détermine alors une stratégie pédagogique pour l’ensemble du parcours. C’est une tendance que l’on retravaille ensuite, lors de la scénarisation de chaque séquence pédagogique.

La stratégie pédagogique du parcours de formation représente donc un cap que l’on ré-interroge à chaque séquence, en fonction des critères indiqués précédemment.

Dans tous les cas, la stratégie pédagogique est à définir en amont du choix des modalités et techniques pédagogiques puisqu’elle le guide.

Quels sont les bénéfices d’une bonne stratégie pédagogique ?

Bien choisir la stratégie pédagogique permet de mieux organiser le parcours et chacune des séquences. Les choix de modalités et techniques pédagogiques sont faits sur des critères pédagogiques et non plus sur des critères logistiques, organisationnels voire de “modes”.

Il ne s’agit plus de décider la stratégie en fonction de la possibilité de déplacer les participants, de rentabiliser des choix en termes de LMS ou d’investissements en outils de réalité virtuelle ou encore de la volonté de développer la ludo-pédagogie (parce que c’est “tendance”), mais bien en fonction du profil des apprenants, des connaissances et compétences à développer, ainsi que des risques à prendre en fonction du contexte professionnel et de formation.

Des modalités et techniques bien adaptés au contexte et aux objectifs de formation, c’est la garantie d’une formation répondant mieux à ses attentes.

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Marc Dennery

Marc Dennery

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