Pour les formateurs, le lancement des séquences pédagogiques devient vite une routine. Et comme toute routine, avec le temps, on finit par ne plus les interroger. On produit et on reproduit machinalement le geste. Et pourtant ! De la qualité du lancement de la séquence pédagogique, dépend très souvent la réussite des apprentissages.
Le lancement d’une séquence pédagogique est le temps d’animation qui correspond à l’introduction de chacune des parties de votre formation. Nous ne traiterons pas ici comment vous pouvez scénariser vos séquences de formation (nous l’avons déjà traité en vous présentant notre modèle EDRACT® à plusieurs reprises – cliquez ici ou là), mais seulement ce qui joue lors de vos animations, quand vous prenez quelques minutes pour démarrer la séquence et comment grâce à notre méthode C.O.P.T.E. vous pouvez optimiser ce moment clé d’animation.
La méthode C.O.P.T.E est l’une des 35 cartes de notre jeu de cartes “Master Formateur”. Pour le découvrir cliquez ici et pour le commander : formation@c-campus.fr. Et si vous êtes intéressé par d’autres thèmes : AFEST, formation terrain et tutorat d’alternants, gestion de projet de formation ou encore les techniques pédagogiques interactives, découvrez l’ensemble de nos jeux de cartes pédagogiques en cliquant ici.
Pourquoi le lancement d’une séquence pédagogique est stratégique ?
Pour bien comprendre l’importance de ce temps de lancement des séquences, il est nécessaire de revenir à quelques basiques de l’apprentissage, en se plaçant du côté de l’apprenant. Ce dernier est loin d’être une “table rase” que l’on remplit mais une personne ayant toujours un fonctionnement cognitif et des motivations qui lui sont propres.
On apprend bien que si l’on sait ce que l’on doit faire pour apprendre
Quand vous êtes formateur, vous savez ce que vous devez faire pour faire apprendre. Vous avez préparé votre formation et vous avez élaboré un scénario pédagogique (pour en savoir plus sur le scénario ou guide d’animation – cliquez ici).
C’est parfait ! Vous n’avez plus qu’à le suivre. Mais mettons-nous 30 secondes du côté de l’apprenant qui est, ne l’oublions pas, l’acteur principal de la dramaturgie pédagogique. Que sait-il de vos intentions pédagogiques ? Le plus souvent, rien ou pas grand-chose. Car les programmes sont faits d’une telle manière, qu’ils restent le plus souvent elliptiques, même après 3 ou 4 audits Qualiopi de renouvellement ou de surveillance !
On dit souvent qu’il faut « embarquer » ses apprenants. Comment voulez-vous qu’ils s’engagent, s’ils ne savent pas où vous voulez aller ? Le formateur-facilitateur doit devenir « transparent ». A l’instar des salles de restaurants où les convives ont vue sur les cuisines, l’apprenant doit avoir la vue sur le scénario pédagogique du formateur.
À tout le moins, il doit connaître sa contribution d’apprenant et ce que l’on attend précisément de lui. Idéalement, il devrait pouvoir l’exprimer lui-même et le contractualiser, comme cela est le cas en AFEST, lorsqu’il termine son positionnement amont par l’adaptation de son parcours et signe son PIF – Protocole Individuel de Formation.
On apprend bien que si l’on se croit capable de réussir l’activité d’apprentissage
C’est bien connu, le Sentiment d’efficacité personnelle est une clé de la motivation en formation. Or, au lancement d’une séquence pédagogique, nombreux sont les apprenants qui peuvent douter de leur capacité à réussir les activités pédagogiques, que le formateur leur propose.
Ce doute, ne doit pas se transformer en crainte. Sous peine de voir les apprenants fuir l’obstacle et perdre leur confiance en eux. Conséquence : il revient au formateur d’insister sur le fait qu’au final, tout le monde passera bien le gué.
Pour ce faire, le formateur non seulement veille à rassurer et encourager mais également explique clairement l’objectif, discute, voire négocie les moyens, qui peuvent se traduire par du temps alloué supplémentaire ou un étayage renforcé du formateur.
On apprend bien que si l’on fait le lien entre ce que l’on apprend et ce que l’on fera de retour à son poste
Apprendre ne sert à rien, si ce que l’on a appris n’est jamais utilisé. D’où l’importance du transfert pédagogique. Mais pour transférer ses acquis, comme nous l’avons vu dans un article précédent – cliquez ici, il est indispensable pour les apprenants de faire le lien entre le contenu de la séquence de formation et leur travail quotidien.
Au moment du lancement de la séquence, le lien formation-travail est déterminant. Le formateur est invité à faire clairement les liens entre le « quoi » de la formation, c’est-à-dire l’objectif de la séquence (ce que les apprenants vont acquérir) et le « pour quoi », c’est-à-dire les enjeux de la séquence, ce que les apprenants pourront faire de ce qu’ils ont appris au cours de la séquence pédagogique.
La méthode C.O.P.T.E. de C-Campus pour soigner ses lancements de séquence pédagogique
Souhaitant répondre à ces trois clés d’un lancement de séquence réussi, nous avons élaboré il y a maintenant une petite vingtaine d’année, la méthode C.O.P.T.E. Pour être sincère, ce n’est pas vraiment une méthode, c’est simplement un acronyme en 5 lettres qui permet de ne rien oublier à chaque lancement de séquence pédagogique. Et de prendre parfaitement en compte les 5 points incontournables d’un lancement de séquence pédagogique, à savoir : CONTEXTE, OBJECTIF, PLAN, TEMPS et ENJEUX.
Nous avons formé des milliers de formateurs et formatrices depuis la création de C-Campus. La méthode C.O.P.T.E. est un des nombreux tips que nous proposons dans nos formations et jeux de cartes. Nous n’avons pas de statistiques fiables mais c’est la méthode qui certainement revient le plus souvent en fin de formation quand nous demandons aux formateurs et formatrices participant, les techniques qu’ils vont appliquer à coup sûr, à l’issue de la formation !
C pour Contexte
Par « Contexte », on entend : faire le lien entre les différentes séquences pédagogiques. La précédente évidemment, mais aussi la suivante et parfois celle qu’on traitera bien plus tard mais dont on doit connaître son existence pour mieux comprendre ce que l’on va traiter dans la séquence actuelle.
Une astuce que nous préconisons est de laisser afficher le programme détaillé tout au long de la formation. C’est plus facile de s’y référer. Parfois, cela nous conduit à faire de véritables frises sur le mur opposé à la vidéo-projection.
O pour Objectif
C’est tout simplement l’objectif de la séquence, décliné en sous-objectifs de séances. Un bon lancement nécessite non seulement d’énoncer les objectifs mais également de les écrire et de les expliquer. Idéalement, il faut même prendre le temps d’inviter les apprenants à traduire l’objectif de la séquence en “objectif de transfert”, c’est-à-dire ce qu’ils seront capables concrètement de faire, de retour à leur poste, de ce qu’ils auront appris au cours de la formation.
P pour Plan
C’est le déroulé précis de la séquence, avec la présentation des différentes séances qui la compose. Lorsque la pédagogie est active et interactive (ce qui devrait être le plus souvent le cas), on profite de ce moment pour expliquer les activités pédagogiques à réaliser et les consignes des exercices, jeux de rôles ou travaux de sous-groupes.
A l’instar de ce que l’on a dit pour les objectifs, il est important de s’assurer de l’appropriation par les apprenants du plan ou déroulé de la séquence. Par exemple, en faisant reformuler leur compréhension des consignes et leur accord. Parfois, il nous arrive de changer d’activité pédagogique, quand on sent que les apprenants craignent de ne pas atteindre les objectifs fixés.
E pour Enjeux
Les Enjeux de la séquence permettent de faire le lien entre ce que les apprenants vont apprendre et ce qu’ils en feront, de retour à leur poste de travail. Concrètement, c’est le temps au cours duquel on amène les apprenants à verbaliser les raisons de leur engagement : pourquoi ils ont intérêt à écouter, participer et s’impliquer dans la séquence.
L’enjeu est l’étape la plus souvent bâclée par les formateurs inexpérimentés. Or elle favorise grandement l’engagement des apprenants, en leur montrant le lien entre l’effort qu’ils vont réaliser pour apprendre et le bénéfice tangible qu’ils en retireront en situation professionnelle.
Nous venons de présenter la méthode C.O.P.T.E de façon séquentielle, étape par étape, pour des raisons pédagogiques et d’ancrage mémoriel. Dans l’animation d’une formation, ce “pas à pas” n’est pas toujours à respecter à la lettre. Vous pouvez, selon votre humeur, commencer par l’objectif ou, par exemple, les enjeux. Parfois, vous pouvez même démarrer par une première activité d’Engagement (cf. modèle EDRACT®) avant de dérouler votre C.O.P.T.E. Dans tous les cas, l’essentiel est de prendre en compte ces 5 temps forts et d’y consacrer le temps nécessaire. Au doigt mouillé, si vous nous permettez l’expression, il n’est pas rare d’y consacrer entre 5 à 10’.