Le blog de C-Campus
Conceptrice de ressources pédagogiques

Qu’est-ce que l’IA peut et ne peut pas apporter aux formateurs ?

L’IA générative est sur toutes les lèvres en cette rentrée 2023. Et comme toujours, lors de tels emballements médiatiques, on entend tout et son contraire. Nous avons demandé à Pierre-Armand Dennery, co-fondateur d’Akolit, plateforme de gestion de la formation intégrée, au service des organismes de formation, de nous aider à faire le point.

Il nous explique comment une approche pragmatique et éthique permet de mettre l’IA au service des formateurs (concepteur, animateur, producteur de ressources). Et nous donne des pistes de réflexion sur le futur.

Henri Occre : Avant de commencer que recouvre l’IA Générative, mot qui est mis à toutes les sauces aujourd’hui ?

Pierre-Armand Dennery : Les algorithmes d’intelligence artificielle générative sont des programmes informatiques capables de fabriquer différents types de contenus, tels que des textes, des illustrations, des diaporamas PowerPoint, et même des vidéos. Ils “s’instruisent” en analysant une immense quantité de données, trouvées sur internet.

Il y a beaucoup d’outils de ce genre disponibles aujourd’hui. Le plus célèbre est sans doute ChatGPT, un système de conversation intelligent. On trouve également des générateurs d’images comme Dall-E ou Midjourney, des créateurs de vidéos tels que Lumen 5 ou Synthesia, des créateurs de présentations comme Decktopus ou Gamma. De plus, plusieurs plateformes SaaS intègrent désormais leur propre intelligence artificielle, à l’exemple de Notion AI ou de Canva, ce qui simplifie la création de contenu.

En plus de l’IA générative, d’autres outils “propulsés” par une IA, permettent de gagner du temps dans l’analyse de données ou en gestion de projet.

H.O : Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’usages de l’IA pour un formateur, en commençant par ce qui existe vraiment aujourd’hui et maintenant ?

P.A.D : L’intelligence artificielle peut être utilisée à n’importe quelle étape de la mise en place d’un parcours. Actuellement, les utilisations les plus pratiques et efficaces de l’IA dans ce domaine sont :

  • La conception de scénarios pédagogiques : l’IA peut aider à élaborer des plans de formation qui répondent aux besoins spécifiques des apprenants.
  • L’écriture de textes pour des modules d’apprentissage en ligne : Elle peut formaliser des contenus écrits à partir de données et informations qu’on lui donne.
  • La création de vidéos de présentation de parcours ou de résumés de modules : L’IA peut générer des vidéos explicatives pour illustrer et récapituler des modules.
  • La conception de questionnaires pour confirmer les connaissances acquises : L’IA est capable de créer des tests qui évaluent si les apprenants ont bien compris et retenu l’information présentée.

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H.O : A en croire certains thuriféraires de l’IA, cette technologie nous permettrait déjà de remplacer le formateur, qu’en est-il concrètement ?

P.A.D : Il semble peu probable que l’intelligence artificielle puisse entièrement remplacer le rôle du formateur, car la dimension humaine de l’enseignement reste cruciale. L’IA va plutôt transformer le quotidien des formateurs et modifier la manière dont ils exercent leur métier. Avec l’assistance de l’IA, les formateurs auront davantage l’opportunité de se concentrer sur l’accompagnement des apprenants et le développement de compétences, qui sont difficiles à automatiser, sans parler de la réticence des apprenants eux-mêmes à communiquer uniquement avec un algorithme.

Dans ce contexte en évolution, le formateur est appelé à devenir davantage un “accompagnateur d’apprentissages” qu’un simple transmetteur de savoir. Ce rôle élargi inclut la facilitation des discussions, l’encadrement des projets et l’orientation des participants dans leur parcours. Cependant, les formateurs qui n’intègrent pas l’IA dans leurs méthodologies risquent d’être désavantagés par rapport à ceux qui adoptent ces outils. L’utilisation de l’IA devient un avantage compétitif, non seulement en améliorant l’efficacité des programmes de formation mais aussi en enrichissant l’expérience d’apprentissage. Ce qui pourrait conduire les commanditaires et les apprenants à une préférence pour les formateurs qui savent tirer parti de la technologie.

Il est essentiel de reconnaître que l’intelligence artificielle, actuellement et peut-être pour toujours, n’est pas infaillible et commet des erreurs. Par conséquent, le formateur doit scrupuleusement examiner tout contenu produit par l’IA. De nos jours, le formateur doit maintenir son expertise et, pour l’instant, l’IA ne saurait se substituer à lui dans cette fonction. D’un point de vue déontologique, il doit aussi vérifier la validité des sources et la question des droits d’auteur.

HO : Il est toujours difficile de prévoir l’avenir, surtout dans le domaine technologique, mais que peut-on attendre de l’IA dans les prochaines années ?

P.A.D : Contrairement au métavers ou aux serious games, qui furent les innovations marquantes dans le secteur de la formation ces dernières années, l’accès à l’IA est plus aisé pour les organismes ou départements de formation. Peu de formations sont nécessaires pour actualiser les compétences d’un formateur en la matière.

Après une première année d’emploi de l’IA, nous avons la conviction que la création de contenus pédagogiques et la conception de parcours d’apprentissage seront fortement impactés dans les deux ans à venir. Grâce à des instructions simples données à l’IA, il sera possible de réaliser des contenus et plans de formation, de façon plus rapide et efficace.

Dans un avenir plus lointain, les apports majeurs résideront dans la gestion des compétences plutôt que dans la transmission de connaissances. L’apprentissage adaptatif va subir une réelle évolution.  L’émergence d’outils de simulation pour mettre en pratique les connaissances de manière directe et surtout, l’intégration totale de l’IA dans les systèmes de gestion de l’apprentissage (LMS) et de gestion des talents (TMS) ouvrira la voie à de nouvelles expériences d’apprentissage pour les apprenants. Bien qu’il soit encore prématuré de prédire leurs formes exactes dans les trois à cinq ans.

H.O : Passons à la mise en œuvre ! Concrètement, si vous vous mettez à la place de vos clients (dirigeant d’organisme de formation ou responsable de formation) que feriez-vous pour déployer l’IA de façon pragmatique ?

P.A.D : Il est crucial de procéder en cinq étapes pour intégrer l’intelligence artificielle dans une entreprise :

  1. L’évaluation des besoins de l’entreprise est une première étape fondamentale dans l’adoption de l’intelligence artificielle. Cela implique de passer en revue les processus actuels et d’identifier les domaines où l’IA pourrait apporter des améliorations significatives. Cette analyse doit être menée avec soin, pour cerner où l’IA pourrait optimiser l’efficacité, réduire les coûts ou encore accroître l’innovation. En comprenant ses besoins spécifiques, l’entreprise ou l’OF peut alors envisager les avantages concrets de l’intégration de l’IA, telles que l’automatisation des tâches répétitives ou l’analyse prédictive des tendances du marché.
  2. La sensibilisation des employés à l’IA est cruciale pour une intégration réussie. Cela commence par « acculturer » les salariés sur ce qu’est l’IA et ses capacités, en mettant en lumière ses avantages, comme l’amélioration de la productivité ou l’aide à la prise de décision. Il est tout aussi important de déconstruire les mythes et les craintes, souvent amplifiés par les médias, concernant l’IA. En présentant des exemples concrets de succès et en rassurant sur les perspectives d’emploi, on peut encourager l’adoption et l’enthousiasme pour cette transition vers des outils intelligents.
  3. La formation des équipes est l’étape complémentaire à la sensibilisation. Elle garantit que les employés ne sont pas seulement conscients des avantages de l’IA, mais aussi compétents dans son utilisation. Les formations doivent couvrir l’opérationnalité des différents outils d’IA disponibles et comment ceux-ci peuvent être appliqués à leurs tâches spécifiques. Une formation approfondie garantit que les employés sont à l’aise avec ces technologies et qu’ils peuvent les utiliser de manière optimale, pour augmenter leur productivité ou la qualité de leur travail.
  4. L’exécution d’un projet pilote avec un groupe restreint permet de tester l’efficacité de l’IA dans un environnement contrôlé. Cette phase expérimentale offre l’opportunité d’observer comment l’IA fonctionne dans des situations réelles, sans perturber l’ensemble de l’entreprise. Cela permet d’identifier les ajustements nécessaires et de mesurer l’impact réel des outils d’IA sur les processus de travail. Les retours de ce groupe sont essentiels pour affiner la stratégie d’intégration de l’IA à plus grande échelle. Cela peut aussi aider à anticiper les problèmes de confidentialité des données de l’entreprise, engendrés par l’IA.
  5. Enfin, généraliser l’utilisation de l’IA au sein de l’entreprise. Les enseignements tirés lors de la phase pilote doivent être discutés ouvertement, mettant en évidence tant les réussites que les obstacles rencontrés. Ces retours permettront de concevoir des lignes directrices pour le déploiement à l’échelle de l’entreprise, assurant que tous les collaborateurs bénéficient des avantages de l’IA.

HO : Vous insistez sur la différence entre sensibilisation ou acculturation et formation des équipes pédagogiques. Pouvez-vous nous en dire plus sur les compétences attendues d’un formateur ou d’une formatrice dans le domaine de l’IA et comment il ou elle peut les développer ?

P.A.D : L’aptitude à formuler des instructions précises, ou “prompts“, pour interagir avec une intelligence artificielle est devenue une compétence incontournable. Malgré l’intuitivité et la facilité d’utilisation des outils basés sur l’IA, une formation préalable est indispensable. Cette étape éducative est cruciale pour comprendre pleinement les capacités et les limites de l’IA et pour s’assurer que son intégration dans le quotidien professionnel se déroule sans heurts. La formation doit commencer par une introduction détaillée à l’IA, clarifiant son rôle et aidant à choisir les bons outils, adaptés aux besoins spécifiques de l’entreprise ou de l’individu.

Une fois les bases établies, il est essentiel de déterminer comment appliquer l’IA au quotidien et de mettre en pratique ces applications. Cela implique non seulement un apprentissage technique, mais aussi une réflexion sur les implications éthiques de l’utilisation de l’IA. En prenant en compte ces considérations éthiques, on peut garantir que l’usage de l’IA se conforme aux valeurs de l’organisation et aux normes sociétales, tout en exploitant le potentiel de ces outils pour améliorer l’efficacité et l’innovation. Ainsi, la formation à l’IA devra être holistique, c’est à dire couvrant à la fois les aspects pratiques et théoriques, pour permettre une intégration réussie et responsable de ces technologies dans l’environnement de travail.

C-Campus a trouvé particulièrement séduisante et pragmatique l’approche d’Akolit pour sensibiliser et former les formateurs en organismes ou directions de formation. Nous avons conclu un partenariat et sommes en capacité aujourd’hui de vous proposer une formation-action très concrète, pour faire vos premiers pas avec l’IA, en tant que responsable pédagogique ou formateur ou formatrice. Consultez le programme ici et / ou contactez-nous pour des versions intra : formation@c-campus.fr .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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