Le blog de C-Campus

Et si on supprimait les pauses en formation ?

Les pauses sont dans l’inconscient du formateur, ce qu’est l’organisation des tables en « U » : un incontournable. Un indiscutable même. On ne sait plus pourquoi on le fait, mais on le fait. Au bout de quelques années de pratique, cela ne nous viendrait pas à l’idée de faire autrement. Mais de l’évidence, on tombe vite dans la routine. Et la routine, n’est pas toujours bonne à suivre.

Ça sert à quoi une pause ?

Les pauses sont l’héritage de l’école. La pause, c’est la récréation de l’adulte en formation. C’est le moment où il peut « souffler », se reposer, mais également être enfin libre de faire ce qui lui plaît (se rafraîchir, fumer, ou tout simplement s’aérer…). Enfin, la pause, ce n’est plus comme dans l’enfance l’occasion de jouer, mais cela reste un moment d’échange avec ses collègues, ses vieilles connaissances ou ses « nouveaux amis ».

La pause c’est le temps de divertissement entre les temps de travail, « d’effort » pourrions-nous dire. C’est peut-être pour cette raison que les pauses sont à réinterroger. Derrière la pause se cache d’une certaine manière une vision passéiste de la formation. La pause sous-entend que dans un univers encadré, figé, voire cadenassé, l’apprenant a besoin de s’évader. C’est parce que la formation est trop souvent pénible qu’elle a besoin des pauses. N’entend-t-on pas encore dans les commentaires des participants « la formation que j’ai subie » plutôt que « la formation que j’ai suivie » ? Derrière un lapsus, il y a toujours une part de vérité.

Trois bonnes raisons de supprimer les pauses ?

Organiser la formation autour de cycles de 3 heures

Première raison de supprimer les pauses : elles cassent le rythme de concentration et de participation des apprenants. La pause d’un quart d’heure toutes les 1h30, coupe trop souvent l’élan, la dynamique dans laquelle les apprenants sont investis pour apprendre. Quand on revient de la pause, il faut tout redémarrer. Reprendre les apprentissages là où on les avait laissés.

Dans les écoles Montessori, les pauses n’existent pas. Et celle qui a donné son nom à sa méthode, avaient conçu les cycles d’apprentissage autour d’une durée de 3h00. Pour le Dr Montessori, les enfants sont capables de se concentrer pendant trois bonnes heures sans difficulté, à condition bien sûr de les faire travailler sur des tâches qu’ils ont choisies, qui les intéressent et qui leur permette de bouger. On en revient toujours à l’aspect attractif de la formation.

Pour aller plus loin voir notre formation “Concevoir et animer des formations avec des techniques actives et attractives”

Privilégier l’activité des apprenants

Deuxième raison de supprimer les pauses : les formations ne sont pas forcément fatigantes. Si on met les apprenants en mouvement, si on les rend actif, si on leur propose des activités pédagogiques collaboratives, à quoi bon faire une pause ? C’est parce qu’on est assis à écouter que l’on a besoin de se lever, bouger, parler avec ses collègues. Renversons le point de vue : l’échange, le mouvement peut avoir lieu pendant la formation même. Il suffit d’organiser des activités collaboratives, de faire écrire, produire, réaliser des choses en petit groupe. Pour amener les personnes à bouger, il est possible de les faire travailler debout autour d’un tableau de papier plutôt qu’assis à une table.

Le temps de formation peut être tout aussi actif et collaboratif qu’une pause, si l’on fait appel à des techniques pédagogiques co-actives.

Pour aller plus loin voir notre outil Master Formateur.

Laisser la liberté à chacun de gérer son temps en formation

Troisième raison de supprimer les pauses : la fin de la dramaturgie classique de la formation. Lorsque la formation est pensée comme le théâtre classique avec une unité de temps, de lieu et d’action, la pause permet de gérer le temps des participants de façon structurée. Tous les apprenants arrêtent en même temps la même activité et reprennent en même temps la même nouvelle activité.

Dès lors que la formation brise cette routine de la dramaturgie classique, chaque stagiaire peut vivre sa propre expérience apprenante. La pause commune n’a plus de sens. Chacun peut s’arrêter quand il le veut et comme il le veut. D’ailleurs, comme la formation procure de nombreuses occasions d’échanges et de dialogues, ce temps peut être plus personnel et correspondre à un vrai repos. Pourquoi ne pas alors proposer aux apprenants de faire une sieste quand et comme bon leurs semblent en remplacement des pauses d’un quart d’heure toutes les 1h30 ?

Marc Dennery

Marc Dennery

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