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Tous certifiés… pas si simple !

Le monde de la formation est atteint de “certificomania”. Toute action de formation, digne de ce nom, doit devenir certifiante, sous peine de disparaître du champ des co-financements. Cette “certificomania” n’est pas sans poser quelques questions, aujourd’hui encore sans réponse.

Certifier quoi ?

Dans l’imaginaire collectif, la notion de certification est associée au diplôme, au titre, à une qualification reconnue. Etre certifié, c’est faire la preuve d’un certain niveau d’étude ou de qualification. Mais que va devenir cette représentation si le champ de la certification s’élargit ? Et il s’élargira, car la réforme de la formation 2014 fixe un nouveau cadre à la certification à travers le CPF, les périodes de professionnalisation mais également les obligations liées à l’entretien professionnel. Que va t-on certifier à travers un parcours formatif de moins de 150 heures, un MOOC, un TOEIC ou un TOEFL ou une expérience au poste de travail ? Probablement pas un niveau d’étude ou de qualification, mais la maîtrise d’une compétence. C’est d’ailleurs la finalité première de la formation qui doit laisser à l’Education Nationale, le rôle de certifier des niveaux d’études.

Certifier par qui ?

Qui peut légitimement certifier les compétences d’une personne ? Dans une économie de l’éducation non marchande, le certificateur est souvent le formateur. Il n’y a rien à redire car ce qui anime l’organisme de formation n’est pas tant son chiffre d’affaires et sa marge que la valeur de ses diplômes. Mais l’économie de la formation est sur le secteur marchand. Comment un organisme peut-il être alors à la fois certificateur et formateur ? Autant délivrer des “badges en chocolat” ?

Pour éviter toute dérive commerciale des organismes de formation détenteurs aujourd’hui de certifications (organismes consulaires, AFPA, Greta, Universités…), on ne pourra pas faire l’économie d’une séparation entre les activités de certification et de formation. Il sera également impératif d’accréditer les organismes certificateurs en s’inspirant de ce qui se passe sur le marché des certifications qualité. Le COFRAC accrédite les organismes certificateurs qui ensuite délivrent les certifications qualité.

Certifier quand ?

Dans une économie où l’obsolescence des connaissances s’accélère peut-on encore imaginer certifier une fois pour toutes les compétences ? La certification ne pourra être qu’à durée limitée : 3 ans, 5 ans, 10 ans ? Il faudra penser des dispositifs de renouvellement de certifications, en s’inspirant des démarches d’habilitation (électrique, secourisme…).

Certifier comment et à quel coût ?

Les certifications en langues de type TOEIC, TOEFL, Cambridge… présentent le double avantage d’être simple à organiser et par conséquent peu onéreuses (entre 100 et 200 euros environ). Qu’en sera t-il des certifications de managers, formateurs, commerciaux, techniciens supérieurs… ? Un simple test écrit ne suffira pas, il faudra mettre en place des procédures bien plus complexes (cf. tableau de synthèse ci-dessous). Et les coûts de certification risquent d’exploser et pourraient atteindre, voire dépasser, le milier d’euros. Le jeu en vaudra t-il encore la chandelle ?

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Tous certifiés : il reste encore du boulot !

Conclusion de ce rapide survol des questions qui se posent face à la “certificomania” ambiante : il est urgent de se mettre à réfléchir. Laisser les acteurs se débrouiller avec l’injonction “tous certifiés”, c’est à très court terme l’assurance de voir le système de formation accoucher de pratiques de certifications sans grand intérêt. Tout le monde sera certifié, avec des “badges en chocolat” ! Les organismes historiquement certificateurs, et suffisamment agiles pour modulariser leurs certifications sortiront gagnant de cette frénésie pour les certifications, mais probablement pas les salariés.

 

 

 

Marc Dennery

Marc Dennery

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