D’ici 2030 nous “emploierons” des formateurs non humains !

Notre titre est évidemment un peu “provoc” ! Depuis 30 ans, le petit monde de la formation bruisse néanmoins d’une rumeur tenace : la technologie va remplacer les formateurs !  En réalité, la question n’est pas de savoir si les IA (ou robots humanoïdes) remplaceront le formateur, mais si ce dernier saura faire travailler intelligemment ses “agents IA“, de manière à se recentrer sur sa vraie vocation, notamment faciliter et accompagner les apprentissages !

À la fin des années 1990, les cours en ligne (e-learning) allaient remplacer les cours magistraux. Rebelote au milieu des années 2010 : rapid et flash learning allaient renvoyer les animateurs à leurs chères études. Au tournant de 2020, le Metaverse allait les réduire au chômage. En 2030 ça y est : les agents IA vont carrément supprimer le job de formateur, même si vous devenez “promptologue professionnel” !

En réalité : les précédentes innovations techniques ont transformé le métier de formateur. Il y aura donc probablement une “augmentation du job de formateur” et un repositionnement avec l’IA. Pas un “grand remplacement”. Chaque formateur doit donc s’interroger sur deux questions fondamentales quant à son positionnement face à l’arrivée des “agents IA privés”  :

• Primo : devenir ou pas le patron d’une “équipe” constituée d’intelligences artificielles spécialisées : dans l’ingénierie, la conception, l’animation, l’évaluation de formation et donc acquérir les compétences de supervision des IA employées ?
• Secundo : libéré de tâches, s’investir ou pas dans la facilitation et l’accompagnement pédagogique des apprenants ?

Précision importante : quand nous parlons de formation et de formateur ou formatrice, nous parlons toujours dans le blog de C-Campus de formation en entreprise. C’est-à-dire d’apprentissages contextualisés en lien direct (AFEST/FEST/Tutorat) ou indirect (Formation présentielle / à distance / Autoformation) avec une situation de travail en entreprise. Nous ne parlons pas des apprentissages décontextualisés sur des connaissances ou compétences génériques. Ce qui est le propre de l’éducation ou de la formation initiale. Dans ce domaine, peut-être que l’impact de l’IA sera plus radical…

La prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir…

Faisons un pari audacieux : en 2030, des formateurs humains “améliorés” par l’IA, un peu plus “curieux” de leurs apprenants, un peu plus “interactifs et réflexifs” dans leurs animations, un peu plus “accompagnants” dans les situations de travail et le transfert pédagogique !

Ce que pourrait signifier des “IA spécialisées” pour les formateurs 

On peut déjà “bricoler” nos agents-bots avec des prompts, des workflows et des API. 

Demain, nous aurons des agents IA semi-autonomes grâce à un changement progressif profond de “modèles d’IA” . Ce ne seront plus des IA généralistes et “réactives” comme aujourd’hui (réagissant aux données et prompts humains) mais des IA spécialisées, “proactives”, capables de “coopération entre elles” et avec le formateur humain, par exemple pour :

• Réaliser seules une partie de l’ingénierie et de la conception de formation,
• Superviser en partie, les travaux dirigés d’un groupe en formation,
• Prendre certaines décisions opérationnelles simples comme «soutenir» des apprenants en «difficulté», mais jamais sans le contrôle socio-pédagogique d’un humain, bien sûr, notamment pour des raisons éthiques,
• Animer le flux de travail de candidats engagées dans un dossier de certification ou de VAE,
• Coordonner un parcours de formation long avec les différents formateurs humains et autres intervenants IA

Comment sera-ce donc possible ?

Si on compare l’évolution entre IA générative actuelle et les futurs agents IA, voici ce que ça pourrait donner : 

• Autonomie : Dépend aujourd’hui du prompt humain => Demain un agent IA fixera en partie ses objectifs et pourra agir seul, mais attention, toujours sans aucune conscience, ni intention propre !
• Mémoire : Pour l’IA actuelle, elle est limitée à la session => IA future : plus durable, plus contextualisée, plus évolutive,
• Collaboration : Repose encore sur des scripts humains => Les agents IA collaboreront “nativement” entre eux,
• Apprentissage : Modèle figé actuellementn=> Demain il se pourrait que les IA apprennent un peu plus des “retours”, comme si elles se faisaient des feed-back,
• Fiabilité : Hallucinations fréquentes des IA => Déjà elles vérifient mieux ce qu’elles produisent en consultant des données plus fiables, ce sera encore meilleur grâce à des architectures d’algorithmes améliorant cohérence et vérifiabilité,
• Supervision : L’humain paramètre l’IA actuellement => Demain l’humain sera chef d’un orchestre composé d’humains et d’agents IA’s variés, travaillant ensemble. L’humain conservera la gestion globale de la formation et la décision !

Nous aurons ainsi des “employés” IA” assurant une partie de notre job de formateur mais pas tout le job ! Il faudra toujours diriger ces IA, les superviser, animer, évaluer, les aider à s’améliorer, etc. bref tout ce que fait un “bon patron” avec son équipe ! 

En 2030, si la certification Qualiopi existe encore, des agents IA d’organismes de formation et des agents IA des auditeurs Qualiopi libéreront les humains des deux parties, de travaux peu gratifiants, comme la collecte de preuves ou la vérification documentaire !

Un retour à la “noblesse du job” de formateur ? 

Libérés de certaines tâches, les “bons” formateurs humains s’emploieront à de plus “nobles” fonctions pédagogiques : la facilitation et l’accompagnement des apprenants, dont ils s’occuperont encore mieux :

• Faire réfléchir au « sens » pour améliorer l’engagement des apprenants en formation,
• Animer la créativité d’un groupe,
• Développer les interactions et l’apprentissage social entre participants,
• Améliorer et outiller leur capacité d’analyse réflexive et d’esprit critique,
• Aider au transfert pédagogique de retour au lieu de travail,
• Gérer des imprévus en formation,
• etc.

Tous les travaux de recherche récents (Harvard, MIT, Stanford, CIPD, UNESCO) convergent sur le fait que les compétences les plus « IA-résistantes » seront les compétences émotionnelles, sociales, métacognitives, réflexives et situationnelles.

Un déplacement de la valeur pour nos clients !

L’arrivée des agents IA signifie aussi que la valeur des formateurs se déplacera :  plutôt qu’exécuter une « prestation de conception et animation » de stage, le formateur assisté par ses agents jouera un rôle plus large, plus riche et complet. Il soignera aussi mieux ses clients – commanditaires (le métier de certains formateurs se déplaçant aussi vers le conseil) :

• Analyse du travail réel et compréhension fine de la demande et du besoin de formation,
• Stratégie pédagogique tenant compte de la culture formative de l’organisation et des profils d’apprentissage des apprenants,
• Pilotage contextualisé de la conception (contenus, supports de formation, etc.) par des IA,
• Gestion de projet de formation avec accompagnement aux changements et prise en compte des impacts,
• Accompagnement des apprenants : engagement, réflexivité, transfert, etc.
• Supervision et accompagnement éthique des accompagnants (humains et IA) des apprenants,
• Mesure des effets de la formation grâce au co-pilote IA (données) et à des enquêtes sur le terrain,
• Amélioration continue assistée par IA, des actions de formation !

C-Campus forme des formatrices et formateurs à la mesure de la réelle dimension de leur rôle ! Voyez notre offre de formation de formateur individualisée. Vous pouvez ainsi nous contacter pour devenir un “formateur augmenté avec IA” ou pour tout autre type de formation aux métiers de la formation tel que notre best seller le cycle certifiant “référent AFEST” : formation@c-campus.fr

9 tendances lourdes pour les directions Learning ?

Les IA semi-autonomes vont aussi transformer le job de responsables formation en entreprise & en organisme de formation !

9 tendances actuelles, qui vont peut-être s’accélérer :

1. La formation avec IA sera un élément stratégique pour rester compétitif dans un environnement concurrentiel “IA-fort”. Certaines entreprises deviendront des “organisations cognitives”, le stade suivant des “organisations apprenantes” !
2. Les responsables L&D feront donc travailler des IA” et seront aussi des «facilitateurs d’apprentissages au travail » !
3. Les organismes de formation internes aux entreprises (Université interne…) contrôleront leurs propres agents IA “privés”. La production de formations internes sera facilitée par les technologies de type RAG, capables de “scanner” toutes les documentations et connaissances internes des entreprises, à condition bien sûr que celles-ci soient déjà structurées et qualifiées par des experts humains !
4. Organismes de formation généralistes : moins sollicités comme « transmetteurs », plus comme « facilitateurs du développement de compétences, en mode hybride » (IA + formation en situation de travail), ils devront aussi conseiller pédagogiquement leurs clients et coopérer avec leurs experts internes !
5. Les organismes de formation traditionnels seront challengés par de nouveaux concurrents “pure player IA”. Les géants US ou chinois (on l’espère, européens aussi) de la Tech investiront massivement dans des sortes de néo organismes de formation (sauf si l’Union Européenne crée des barrières à l’entrée, par exemple, l’obligation de recourir à des formateurs humains locaux !)
6. Des organismes de formation “emploieront” des “équipes” coordonnées d’humains et d’agents IA spécialisés, dont les coûts “à l’acte” seront compétitifs. Le chef de projet formation “humain” orchestrera une “équipe de spécialistes” : ingénieur pédagogique humain – concepteur de contenus multi-modaux IA – tuteurs ou formateurs terrain humain – agent d’évaluation IA – responsable qualité – éthique humain – Agent Qualiopi IA, etc. La coordination de ces agents et humains nécessitera des protocoles spécifiques …
7. Chacune des IA spécialisées s’appuiera sur des modèles spécifiques: LLM spécialisé (ingénierie) – IA générative multi-modale (conception) – agents conversationnels multi-modaux (voix, image, texte de tuteurs IA)-  IA de scoring (pour l’évaluation), etc. On peut aussi parier que le paiement de ces “micro prestations” sera automatisé grâce à la technologie blockchain – chaîne de blocs !  
8. Pour les équipes Learning, un triple impératif : conserver  son expertise généraliste (un bon niveau de connaissances et de culture générale) + maîtriser les grands concepts de l’apprentissage et de la pédagogie + savoir “manager” des IA !
9. La gestion de projet de formation et de développement des compétences avec IA ne remplacera pas la compréhension fine et profonde des contextes de travail, des besoins et des attentes des clients et des apprenants et la capacité des bons formateurs humains à fiabiliser l’approche pédagogique !

L’IA au coeur : comment nous y préparer !

Tout formateur amené à utiliser des agents IA, devra s’y intéresser et mener des actions clés :

• Savoir prompter sur l’IA générative actuelle, c’est une compétence qui connaîtra une obsolescence rapide et qui ne suffira plus ! Il faudra comprendre comment “manager des IA spécialisées.
• Nous devrons développer une « culture IA » : comprendre nos limites humaines face aux IA, cerner ce que peut faire et pourra faire une IA sur le plan cognitif. Et inversement saisir ce qu’elle ne peut pas faire ou pas totalement remplacer :  l’expérientiel, le réflexif et le social, les apprentissages profonds, les décisions impactant les parcours et carrières, etc.
• Le modèle économique de nos formations évoluera et la chaine de valeur se déplacera vers l’analyse du travail, la compréhension de besoins changeants, le design pédagogique à haute valeur ajoutée, l’animation des équipes apprenantes, le développement des compétences “mères” des apprenants, (comme la réflexivité), la montée en compétences pédagogiques des “accompagnants” humains, la supervision des agents IA, etc.
• Nous devrons aussi nous assurer que nos “formations augmentées” incluent un usage éthique et réfléchi de l’IA, dans le respect de la législation et aussi de la protection des données face au piratage. Nos clients et nos apprenants, sans parler des “autorités”, y seront évidemment très sensibles !

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