Récemment nous évoquions l’isolement possible du formateur indépendant ou du formateur interne occasionnel en entreprise. Cet isolement prend différentes formes : isolement informationnel, pédagogique, métier, affectif et identitaire, etc.. Aujourd’hui place aux solutions pour développer son “capital social” de formateur et éviter les pièges de l’isolement et au contraire profiter de sérieuses opportunités !
Nous proposons ainsi à nos lecteurs concernés (vous êtes plusieurs milliers de formatrices et formateurs à nous lire), un plan d’action simple et concret en 5 étapes.
Développer son capital social de formateur en 5 étapes
Développer son capital social en tant que formateur peut se faire de manière progressive. Les grandes actions que nous avons repérées sont à mettre en oeuvre par étapes. Elles sont variées, simples, adaptables. Plusieurs actions peuvent bien sûr être combinées en même temps, selon la disponibilité et l’énergie que le formateur peut y consacrer !
Pourquoi le capital social est aussi indispensable aux formateurs ? Le capital social repose non pas sur ce que l’on possède au départ pour devenir formateur (ses compétences techniques ou ses soft skills), mais sur qui l’on connaît, comment on est lié à ses pairs (experts et autres formateurs) et dans quelles structures relationnelles et sociales “utiles”, l’on est inséré. Le capital social joue un rôle décisif dans l’accès aux opportunités, à l’information de qualité, aux soutiens dans tous les sens du terme ! Et il contribue ainsi puissamment au développement personnel, professionnel et organisationnel, selon les sociologues qui l’ont mis en évidence, comme Pierre Bourdieu !
Étape 1 : Veiller, repérer, observer et écouter ses pairs, se former avec eux
Un formateur (ou un futur formateur) dans un premier temps, peut commencer par explorer l’univers professionnel de ses pairs, formateurs et formatrices, via les réseaux professionnels ou par une veille sur internet, appuyée si besoin par des outils IA comme perplexity.
- Suivre des profils ou des groupes LinkedIn actifs de consultants formateurs – formatrices, des associations et groupements de formateurs : pas ceux qui commentent beaucoup l’actualité ou qui se comportent comme des influenceurs-instagrameurs-youtubeurs cherchant à vous vendre quelque chose. Plutôt des personnes qui publient des contenus utiles aux formateurs : partage de retours d’expériences ou témoignages d’actions de formation exemplaires (pas seulement pour se faire “mousser”, pour apporter du fond, de l’analyse) vulgarisation d’études scientifiques ou universitaires sur l’état de l’art des sciences de l’éducation, des neurosciences, des facteurs d’apprentissage chez l’adulte, de l’efficacité en formation, etc.
Vous pouvez suivre sur LinkedIn les consultants C-Campus, bien sûr, mais aussi des profils comme ceux de Yann Bonizec, consultant spécialiste du design éditorial impactant ou encore le documentaliste Gérald Tirot qui produit une veille pédago-digitale intéressante ou Jonathan Pottiez, expert dans le domaine de l’évaluation en formation.
- Suivez aussi les professionnels qui contribuent réellement à la “communauté des formateurs” : ils participent à des tables rondes, conférences, Master Class ou webinaires. Méfiez-vous du “bruit” sur les réseaux sociaux. Allez plutôt y chercher les 5% des profils “experts de la formation” qui produisent 90% des contenus et propos utiles aux formateurs occasionnels ou professionnels et à l’évolution de leurs rôles !
- S’abonner à quelques newsletters ciblées et de qualité est une bonne pratique (comme la nôtre c’est ici !) Vous pouvez également vous abonner à : l’info-lettre de Jonathan Pottiez (déjà cité) sur l’évaluation de la formation, à l’Expresso Formation du Centre-Inffo ou à la newsletter de IL&DI – Philippe Lacroix. Elles abordent chaque semaine : des courants pédagogiques, des conseils pratiques, la mise en oeuvre d’innovations “raisonnées” en matière de formation (e-learning, IA, LMS, etc.) des interviews et témoignages d’experts (qui ont vraiment fait ce qu’ils racontent) ou de spécialistes reconnus. Elle apportent aussi une veille académique, technique, réglementaire en matière de formation professionnelle, etc. En une vingtaine de minutes de lecture par semaine, vous vous tenez au courant et vous repérez les tendances en formation à suivre.
- Utiliser des agrégateurs de flux RSS ou Google Alerts pour suivre l’actualité de la formation dans un domaine particulier, sans être noyés d’informations ! Des outils IA peuvent aussi être utiles, par exemple pour résumer des articles trouvés !
- Se former et obtenir une certification ou un Open Badge de formateur : ces marques de reconnaissance sont appréciées par les clients mais aussi par ses pairs !
Étape 2 : Nouer finement des liens via les réseaux sociaux et internet
Lorsqu’on a repéré des personnes ou des structures sérieuses et réellement inspirantes, on peut commencer à nouer un premier contact direct avec un niveau d’engagement adapté : éviter la prise de contact dithyrambique qui laisserait penser que vous voulez apparaître comme la “groupie” de tel ou tel confrère, consoeur. La personne pourrait d’ailleurs se demander quelle est l’intention réelle, derrière la prise de contact : obtenir quelque chose de sa part, par exemple…
- Commenter un de leurs post LinkedIn en essayant d’y amener plus qu’une simple approbation : une question ouverte, un témoignage, un rebond, une lecture, un point de vue argumenté, etc.
- Participer à un webinaire gratuit ou à un live organisé par la personne ou la structure (comme ceux que C-Campus organise régulièrement) : l’avantage d’écouter et de voir en vrai ses pairs, c’est de mieux cerner leurs savoir-être, leurs valeurs et de vérifier si ça peut “matcher” avec ses propres valeurs et identité professionnelle de formateur !
Étape 3 : Rejoindre un collectif de formateurs – formatrices
Il n’est pas tout de suite indispensable d’adhérer à une structure représentative de type “syndicat de formateurs” : rejoindre un groupe WhatsApp, une communauté par affinité ou proximité, peut suffire.
Par exemple :
- Un collectif de co-développement (en ligne ou en local) sur la formation professionnelle,
- Une “coopérative” spécialisée de formateurs (ex : Coopaname),
- Des groupes thématiques : formateurs en insertion, formateurs avec IA, formateurs dans le domaine industriel, etc.
- Une société de portage salarial qui emploie et forme des consultants- formateurs autonomes…(par exemple notre partenaire “Cadres en Mission”)
Étape 4 : Co-produire et co-apprendre
Rien ne soude plus qu’un projet commun de formation ou des travaux et réflexions à plusieurs sur la formation :
- Écrire à 2 un article sur les réseaux sociaux,
- Monter une formation à deux,
- Co-intervenir dans un colloque, un salon, une table-ronde,
- Construire une offre de formations complémentaires,
- Co-animer un stage, une classe virtuelle,
- Réaliser une veille pédagogique ou réglementaire mutualisée.
Exemple : réaliser une veille ciblée Qualiopi et la partager avec 3 formateurs freelance de confiance : ça prend peu de temps chaque mois (30 minutes à 60 minutes par mois) et on leur fait gagner en cumul 3 X 30 à 60 minutes. Potentiellement, on leur évite aussi de futures non-conformités lors des audits. Ce en quoi les confrères et consoeurs sont redevables et vous renvoient souvent l’ascenseur sur d’autres sujets !
Étape 5 : Maintenir une dynamique collaborative
Pas besoin de faire beaucoup. Mieux vaut coopérer au sein d’un petit groupe régulier de formateurs actifs qu’adhérer à un gros réseau dormant de formateurs, qui ronronne ou celui où l’on sert de “faire-valoir” au bénéfice de quelques-uns, seulement !
- Fixer un rituel : par ex. une visio de 45 min tous les 2 mois avec apport de contenus, témoignages sur l’utilisation d’un outil pédagogique, problématique à résoudre en tant que concepteur ou animateur de formation, etc.
- Organiser des binômes de retour d’expérience ou des échanges de bonnes pratiques ou encore une analyse réciproque de ses scénarios ou supports de formations (1h/mois),
- Demander à un pair d’observer son animation en “fond de salle” (ou en classe virtuelle) afin de bénéficier d’un débriefing, d’un feed-back constructif
- Partager des idées sur des groupes thématiques Telegram, (ou Discord, Slack,…),
- Organiser un groupe de co-apprentissage (4 à 6 personnes, 1 sujet par trimestre, par ex : former avec l’IA),
- Rejoindre un collectif local / régional : 1 rencontre physique semestrielle type apéro (sans alcool !) ou café-pédagogique entre formateurs.
Vous pouvez mettre en place un espace partagé (de type Notion / Teams / Miro…) pour partager vos trouvailles puis animer une revue mensuelle de veille auprès de vos pairs. Par exemple :“Les 5 tendances que j’ai repérées ce mois-ci dans la formation professionnelle” ou “Synthèse des publications de EdTech France, Centre Inffo, C-Campus, que j’ai lues…“
Un peu de publicité en passant : C-Campus anime ses propres “Clubs” : L&D, référents AFEST ainsi que des “cafés formateurs” chez ses clients entreprises, Vous souhaitez organiser une convention de formateurs internes, un “hackathon” de la formation, des ateliers thématiques sur la scénarisation pédagogique avec notre modèle EDRACT® ? N’hésitez pas à nous contacter par mail : formation@c-campus.fr Et en 2026 nous réservons d’autres surprises à nos clients et lecteurs… Pour ne pas louper cette actualité : abonnez-vous gratuitement à notre Newsletter : c’est ici !
Synthèse !
Si on se réfère à ce qu’ont identifié les grands sociologues ayant travaillé la question, développer son capital social de formateur passerait finalement par :
- Construire sa légitimité : certifications de formateur + publications régulières + visibilité institutionnelle et par les pairs,
- Inspirer la confiance : fiabilité constante + relations sans accrocs,
- Participer activement à des communautés de formateurs : clubs, réseaux pro, associations, événements, etc.,
- Entretenir les liens plus faibles avec les personnes & réseaux éloignés : suivi léger sur les réseaux sociaux, participation à des événements variés ou webinaires, collaborations ponctuelles, etc.
Développer son capital social en tant que formateur :
- Ce n’est pas “réseauter” pour vendre son image personnelle dans une démarche de personal branding.
- Ce n’est pas non plus en rester aux résolutions du type “cette année, je me trouve des amis formateurs” !
- Ce sont plutôt une série de petites actions simples pour “donner et recevoir” : suivre une newsletter, rejoindre un groupe affinitaire ou identitaire, oser poser une question à un pair, chercher des réponses auprès de sa communauté professionnelle.
- C’est aussi un choix de développement professionnel : celui de grandir par le lien avec ses pairs, en plus de se développer par sa propre connaissance et par son expérience personnelle !
Le capital social, c’est également un levier d’apprentissage puissant ou de développement dans le job de formateur. Cela sert par exemple, à affiner sa posture pédagogique (passer de “transmetteur” à “facilitateur”) ou à clarifier son identité de formateur (se voit-on plutôt comme : chef de projet formation ? ingénieur de formation ? concepteur ? animateur ? accompagnateur/mentor ? etc.)


