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Sortir de l’isolement quand on est formateur !

Pour les formateurs indépendants, mais aussi pour les formateurs internes, seuls dans leur structure, l’isolement n’est pas juste un “léger inconfort”. C’est souvent un véritable frein au développement professionnel, au maintien à jour des compétences, à la créativité pédagogique, voire à la motivation à long terme dans ce rôle de formateur !

Dans cet article, nous posons un constat et faisons ressortir les principales problématiques de l’isolement avec un outil simple d’auto-diagnostic. Dans une suite à paraître, nous aborderons un plan d’action structuré en 5 étapes pour développer son “capital social” de formateur !

On estime à environ 300.000 le nombre de personnes en France qui occupent un rôle de formateurs – formatrices, que ce soit à titre occasionnel, régulier ou permanent. Parmi eux, hormis ceux qui travaillent en organisme de formation ou en sous-traitance d’organismes ou encore qui font partie d’un réseau interne animé, le risque d’isolement professionnel est grand. 

L’indépendance du formateur : souvent un choix mais aussi quelques difficultés à surmonter…

Travailler de manière indépendante ou en autonomie comme formateur ou formatrice, c’est souvent (mais pas toujours, parfois c’est par défaut) le choix de la liberté : liberté de thèmes, de choix de ses clients et domaines, de son mode de conception et d’animation de ses formations.

Mais cette autonomie a un revers : le sentiment d’isolement social professionnel. Pas ou peu d’échanges de pratiques entre formateur, pas de collègues- confrères/consoeurs à qui poser ses questions pédagogiques, peu d’accès à des dynamiques collectives d’amélioration, pas vraiment d’accompagnement réflexif par ses pairs, etc.

La solitude sociale et émotionnelle est un frein au développement professionnel des actifs. Pire : selon des études en psychologie, l’isolement social, que les anglo-saxons appellent “social disconnectedness”  ou le sentiment d’isolement (perceived social isolation), outre des effets possibles sur la santé d’après les psychiatres (dépression etc.). nuirait aux capacités cognitives de l’individu, renforcerait ses biais cognitifs, ce qui réduirait sa capacité de raisonnement, d’apprentissages et la prise d’initiative. Il serait paradoxal que les formateurs, souvent facteurs de lien social chez leurs apprenants, souffrent eux-même de l’isolement, sans réagir ! 

Dans cet article, nous ne parlons pas depuis notre “tour d’ivoire” : votre serviteur et son associé, ont aussi été en d’autres temps, formateurs internes et formateurs indépendants ! Donc nous avons une idée assez précise des différents risques d’isolement (nous en avons repéré 5) et de ce qu’il faut faire pour en sortir, quand on est formateur – formatrice !

Dépasser le réseautage sur LinkedIn et les soirées “pince-fesses”…

Mettons tout de suite les pieds dans le plat : les réseaux sociaux sont bien utiles mais pas suffisants pour sortir de sa bulle ! Sans compter qu’on y trouve à boire et à manger, aussi bien en contenus qu’en “conseils plus ou moins avisés” sur l’installation dans le métier de formateur…

De même participer à des grands raouts destinés aux formateurs (ou à des soirées façon “after work” ), c’est sympathique et convivial, mais est-ce que cela permet de sortir durablement de son isolement de formateur ?

Et puis comme nous sommes des “pure players” de la formation de formateurs (régulièrement nos stagiaires sont des indépendants ou des formateurs internes isolés dans leurs entreprises), nous avons donc réfléchi à 5 démarches clés pour les aider à construire leur écosystème relationnel de formateur, échanger avec des pairs, co-apprendre et conserver le goût de ce formidable métier de formateur, grâce au contact avec d’autres formateurs et formatrices !

Un peu de pub en passant : C-Campus est un OF spécialisé dans la formation de formateurs, de tuteurs, de référents AFEST. Chaque année des centaines de formateurs et formatrices se forment chez nous : de manière individualisée à piloter, concevoir, animer une formation ou encore dans des parcours multimodaux sur l’AFEST

Poser le bon auto diagnostic du type : “quel isolement je suis en train de vivre ? 

Avant d’agir pour sortir de son isolement, encore faut-il savoir de quoi on parle. L’isolement du formateur peut prendre plusieurs formes, nous en avons identifié 5 majeures :

  1. Isolement pédagogique : pas ou peu d’échanges fiables et éclairés sur les outils et méthodes en formation. Méconnaissance des innovations en matière de formation, de pédagogie, d’usage des intelligences artificielles en conception de formation, etc.

    Selon nous c’est un des risques majeurs :  rester à côté des innovations, c’est finir par se couper à la fois des opportunités et des besoins et attentes de son public, qui évoluent aussi, ne fut-ce qu’en fonction des générations…

  2. Isolement informationnel : manque de relais et de sources fiables sur les changements réguliers du cadre réglementaire de la formation , l’évolution de Qualiopi, les tendances du moment, etc.

    En France, le cadre de la formation évolue souvent (et pas toujours là où il faudrait, mais bon…). Le formateur doit aussi réaliser une veille active et soigneuse (éviter les “influenceurs” qui cherchent à vous vendre un truc : souvent eux…)

  3. Isolement métier : sentiment de tourner en rond dans sa pratique en formation, absence de retour critique sur sa posture et ses méthodes d’animation, pas d’auto-réflexivité etc.

    Un formateur sans le feed-back d’un pair, risque de s’enfermer dans des routines et de négliger des angles morts dans son animation, que son public n’osera pas toujours lui manifester !

  4. Isolement commercial et marketing : sentiment de ne pas arriver à toucher sa cible et son public ! Difficulté d’accès aux marchés libres de la formation, faute de prescripteurs, difficulté à sortir une offre “lisible” de formations, pas d’accès aux appels d’offres, etc.

    Sans informations et études de marché et sans réseau, difficile de se rendre visible et lisible dans ses offres de formation. C’est un des pièges à éviter chez les néo-formateurs indépendants. Il y a pourtant des solutions !

  5. Isolement affectif ou identitaire : doutes sur sa vocation à demeurer dans le rôle de formateur, perte de sens, sentiment d’être à côté de la plaque ou de ce que font les autres “professionnels” de la formation…

    Le soutien des pairs, le sentiment d’appartenir à une communauté, la reconnaissance par les autres : ce sont des moteurs motivationnels importants pour durer dans le métier de formateur !

Posez-vous deux minutes et répondez par exemple en “auto-diagnostic”, au questionnement suivant (non exhaustif) :

  • Quand avez-vous échangé pour la dernière fois avec un pair sur votre pratique de formateur ?
  • Avez-vous des points de repère pour vous former, outiller, évoluer ? Si oui lesquels ?
  • Avez-vous identifié des personnes de confiance avec qui vous allez pouvoir parler de votre “métier de formateur” ?

Si vous êtes responsable de formation en entreprises : posez-vous les mêmes questions pour vos formateurs internes !

Parler à ses clients ou utiliser des IA, ce n’est pas sortir de son isolement de formateur !

Nos clients : indispensables mais ils ne sont ni nos pairs, ni nos coachs !

Écouter ses clients, c’est important, répondre à leurs attentes, c’est incontournable. Mais aller toujours là où ils veulent nous emmener, c’est… problématique !

Lorsqu’on sort de son domaine d’excellence, de ses compétences en tant que formateur (pour faire plaisir au client, qui nous apprécie en plus…) on risque de produire et de délivrer des formations où l’on n’est objectivement pas le meilleur. Pire : on risque de sortir de ses propres axes stratégiques ou de développement.

Nos clients ne peuvent pas remplacer nos mentors, nos coachs, nos collègues formateurs !

Les IA : des outils mais pas des “amis” (ou alors imaginaires !)

La martingale proposée aux formateurs indépendants (par les “promptologues”), c’est d’utiliser les intelligences artificielles comme des sortes de “partenaires” de substitution... Un peu comme si un geek pensait sortir de son isolement social et relationnel, en s’achetant un nouveau jeu en réseau !

Dans l’absolu, nous n’avons rien contre l’usage des IA, bien au contraire, par exemple pour doper sa réflexivité !  D’ailleurs, nous continuerons à aborder dans d’autres articles, les usages réfléchis des intelligences artificielles, lorsqu’on est formateur !

Pour conclure : dans une suite de cet article (à paraître prochainement) nous aborderons des solutions passant notamment par le développement du “capital social” de formateur, avec un plan d’actions simples et concrètes en 5 étapes : 

  1. Veiller, repérer, observer et écouter ses pairs,
  2. Nouer finement des liens, 
  3. Rejoindre un collectif,
  4. Co-produire – co-apprendre
  5. Maintenir une dynamique collaborative

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