Le blog de C-Campus

Développer les apprentissages fortuits

Dans notre société hyper rationnelle, quand on pense apprentissage, on fait référence le plus souvent à un stage de formation, un tutorat, ou à l’autoformation via E-Learning. Bref, c’est encadré, intentionnel et tracé. Mais apprendre, cela peut être aussi fortuit, par détour ou par accident. Voici trois façons de développer la “sérendipité pédagogique“.

Eloge de la flânerie pédagogique

L’apprentissage fortuit nécessite du temps. Il faut savoir d’ailleurs en perdre pour en gagner dans ce domaine. Prendre le temps de consulter des livres dans une bibliothèque, surfer sur des blogs professionnels, rencontrer des personnes d’horizons différents et échanger avec eux sur leur métier ne permet pas d’apprendre à coup sûr. On ne sait pas ce que l’on saura au bout de 20 minutes d’apprentissage. Cela n’a rien à voir avec un module de E-Learning.

L’apprentissage fortuit, c’est avant tout prendre le temps de flâner pédagogiquement. De se mettre en état d’observer, de lire, de consulter des choses non immédiatement utilisables. C’est s’exposer à de nouvelles idées, de nouvelles approches, de nouvelles visions… C’est aussi la capacité de faire des inférences sur les messages auxquels on s’expose. C’est-à-dire lire entre les lignes, associer des idées entre elles et produire de nouvelles idées à partir de ce que l’on voit, entend, ressent…

Cela nécessite d’avoir l’esprit libre et d’être prêt à se concentrer pour produire ces inférences. Difficile de le faire entre deux réunions, pris dans le stress des transports ou quand on est déjà fatigué intellectuellement.

Paradoxalement, savoir flâner pédagogiquement nécessite un peu d’organisation. Il faut savoir se donner du temps quotidiennement ou hebdomadairement.

Du fil d’information au fil de formation

Les adeptes de fils Twitter, murs Facebook et plus généralement des flux RSS des différents sites auxquels ils se sont abonnés savent combien ces fils sont importants pour rester informé. Mais cela reste le plus souvent de l’information (actualité, sport, loisirs…). On peut utiliser la même démarche pour se former, il suffit de s’abonner à des fils professionnels ou pédagogiques (blogs, comptes Twitter, murs Linledin d’experts , talks de TEDx,, cours de la Khan Academy, sites de tutoriels…)

La qualité et la pertinence de ces fils ne sont pas toujours démontrées. Encore une fois, celui qui cherche à optimiser son temps de formation devra passer son chemin. Mais si vous êtes prêt à donner un peu de votre temps pour apprendre sans attendre de résultat immédiat, vous ferez certainement des découvertes utiles au détour d’un article original ou d’une vidéo décapante.

La pédagogie décalée : au-delà du “stage outdoor

La pédagogie décalée a eu son heure de gloire avec les stages outdoor, les séminaires sur un bateau de course ou le dressage de chevaux dans le Sud-Ouest. Aujourd’hui, cette pédagogie est plus décriée que louée. Elle reste pourtant intéressante si on évite la caricature. Le principe d’amener une personne à apprendre à partir de la compréhension d’un autre contexte est une piste à explorer. Ecouter un champion nous expliquer comment il est arrivé à vaincre ou un professionnel d’un métier éloigné nous parler de ses enjeux et de ses stratégies pour les surmonter ne peut que nous amèner à nous ré-interroger sur nos façons de voir et de faire. Reste que pour être efficace, cette pédagogie doit bien comprendre deux temps, à savoir la présentation d’une expérience décalée et le transfert que l’on peut en faire dans son propre domaine. Trop souvent, la mise en œuvre de formation décalée reste focalisée sur la qualité de l’expérience décalée et pas suffisamment sur le travail de réflexion que doit mener l’apprenant pour créer les passerelles entre les enseignements de cette expérience et ses propres pratiques dans son contexte professionnel.

Marc Dennery

Marc Dennery

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