Depuis quelques années, la modalité pédagogique AFEST (Action de Formation en Situation de Travail) s’impose comme un levier pertinent pour développer les compétences, au plus près de la réalité du terrain. Chez Société Générale, cette démarche a été testée et déployée dans plusieurs régions de SG, la banque de détail en France du Groupe, sous la conduite de Xavier Fayolle, détenteur de la certification de référent AFEST de C-Campus et chef de projet au sein de l’Académie des Compétences (direction de la Formation de SG), de Christine Clostre, directrice de l’Académie des Compétences, et de Catherine Delacroix, directrice adjointe de l’Académie des Compétences.
Pourquoi cet engagement sur l’AFEST ? Quelles ont été vos motivations ?
À l’origine du projet, il existait une triple problématique justifiant le recours à l’AFEST :
- l’efficacité opérationnelle : disposer d’une formation qui combine l’expertise et la maîtrise des outils et process propres au métier ;
- le calendrier : être en capacité de déployer la formation dès les premières semaines de prise de poste ;
- l’efficience logistique : réduire les déplacements vers les centres de formation parisiens et privilégier l’apprentissage au poste de travail, ce qui représentait un gain organisationnel majeur.
Quel a été votre premier terrain d’expérimentation AFEST ?
Nous avons lancé un pilote en 2023 sur le prêt immobilier. Il portait sur la maîtrise par des conseillers clientèle de 6 situations professionnelles. Répartis sur une soixantaine de directions centrales régionales (DCR), ceux-ci étaient encadrés par des animateurs conquête immobilier (ACI) formés à l’accompagnement des apprentissages au poste de travail. En parallèle, les managers des ACI avaient également été formés, pour structurer un pilotage régional efficace et devenir des « ambassadeurs » de l’AFEST.
À partir de ce pilote, comment avez-vous étendu l’AFEST ?
En fait nous avons choisi un modèle d’essaimage structuré. L’expérience initiale a montré que pour démultiplier efficacement l’AFEST, il était nécessaire d’identifier des référents opérationnels AFEST par région, capables de piloter les projets localement ; de former simultanément les accompagnateurs et les référents opérationnels AFEST, pour garantir une compréhension partagée des rôles ; et de proposer des supports attractifs et clairs, notamment les “fiches d’activités pédagogiques” pour faciliter l’appropriation du dispositif.
Et pour étendre l’impact de l’AFEST, comment faites-vous ?
La première expérience a permis d’étendre l’AFEST à d’autres marchés, notamment le marché Entreprises et Institutionnels, sur « l’entrée en relation », avec des parcours intégrant deux profils interdépendants (chargé d’affaires et gestionnaire de relation client). Une logique de binôme d’accompagnateurs (managers des deux profils) est en cours d’expérimentation.
Un autre projet est également en cours : la refonte du parcours de prise de poste des conseillers clientèle Professionnels, avec des enjeux forts d’efficience et d’optimisation du temps de formation initiale. À terme, ce sont plusieurs centaines de collaborateurs qui seront formés chaque année, via ce nouveau modèle.
Les résultats pédagogiques importants réalisés ont permis au projet de remporter un prix lors des Learning Awards internes au Groupe pour « l’Engagement apprenant », signe d’une reconnaissance.
En quoi la certification de référent AFEST vous a-t-elle été utile ?
La certification a été un levier de reconnaissance interne. Elle m’a permis de structurer les projets en tant que porteur identifié et légitime, tout en facilitant les interactions avec les directions métiers et RH.
Vous souhaitez vous aussi former vos futurs “référent(e)s” afin de déployer “à l’échelle” des AFEST ? Nous organisons chaque mois une session en inter-entreprises et nous pouvons également monter une session en intra. Contactez-nous pour en discuter : formation@c-campus.fr
Vous m’avez dit aussi que vous aviez rencontré des contraintes persistantes, comment les avez-vous dépassées ?
Le suivi des parcours reste encore manuel, sans outil digitalisé de pilotage partagé entre managers, collaborateurs et accompagnateurs, ce qui freine la traçabilité et l’évaluation fine de la réalisation des parcours. Le protocole individuel de formation a également suscité des interrogations. Pour y remédier, un document intitulé “Mon parcours de formation” a été conçu pour valider les engagements. Nous avons ainsi procédé à des ajustements au regard des retours des acteurs de l’AFEST.
Quels conseils donneriez-vous à des homologues de la fonction Learning & Development souhaitant se lancer et passer à l’échelle avec l’AFEST ?
Trois conseils me viennent en tête. Tout d’abord, être bien accompagnés, ce qui a été notre cas comme nous l’avons été avec C-Campus. Cela permet de gagner du temps, d’éviter les pièges et de rester alignés sur ce qu’est vraiment la formation en situation de travail. Puis de tester et avancer étape par étape. Nous avons commencé avec 5 apprenants et nous sommes aujourd’hui à plus de 150 personnes formées et avec différents champs d’expérimentation en cours. Enfin, ne pas s’arrêter au fait de ne pas disposer de certains outils, même si cela peut manquer.
L’expérience menée par Xavier Fayolle chez SG est inspirante. Elle démontre combien l’AFEST peut transformer en profondeur les dispositifs de formation, tout en développant une culture d’apprentissage ancrée dans le quotidien des équipes à tous les niveaux. Elle montre aussi que le « passage à l’échelle » est possible relativement rapidement, moyennant bien sûr les ajustements nécessaires, basés sur le pragmatisme.
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